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IX- Quelle est la trajectoire de la terre autour du soleil?

Nous avons déjà répondu à cette question : la Terre est en orbite autour du soleil selon une trajectoire elliptique. L'ellipse en question est très proche du cercle, les points appelés foyers sont très proches du centre. Le Soleil occupe un des foyers de l'ellipse. Cette formulation très simple a largement suffi aux explications concernant tous les phénomènes importants (saisons, durée des jours, directions de lever et de coucher du Soleil, hauteur angulaire du Soleil à midi, etc.).

Uniquement pour ceux qui veulent en savoir plus et qui supporteront cet effort supplémentaire, examinons les lois de Képler qui décrivent toutes les orbites, presque telles qu'elles ont été formulées

 

1- Les lois de Képler

Le mathématicien et astronome allemand Johannes Képler (1571-1630) était assistant de Tycho Brahé (1546-1601). Il a utilisé la grande précision des observations astronomiques de son maître pour formuler les lois régissant la révolution des planètes autour du Soleil. Elles peuvent s'exprimer de la manière suivante :

 

a- Les planètes décrivent des orbites elliptiques dont le Soleil occupe un des foyers. `

Une ellipse peut se construire selon plusieurs méthodes différentes. Avant de décrire la plus simple, rappelons le vocabulaire géométrique concernant l'ellipse...

La méthode de construction la plus simple et la plus efficace est celle dite de "la ficelle du jardinier" qui utilise l'une des définitions possibles de l'ellipse : la somme des distances d'un point quelconque de l'ellipse aux deux foyers est constante et égale à la longueur du grand axe (2a).

Une fois choisis les deux points, futurs foyers, F1 et F2 distants de f (7 cm dans l'exemple suivant), et la longueur du demi grand axe a (6 cm dans l'exemple), il suffit de:

- planter deux "piquets" en F1 et F2,

- faire une boucle de ficelle de longueur 2a+f, soit ici 19cm, et tendre cette boucle sur les deux piquets ainsi qu'un troisième mobile qui servira à faire le tracé. Pour une ficelle de 19 cm environ

 

- Il suffit ensuite d'effectuer le tracé en maintenant en permanence la boucle de ficelle tendue

Le rapport e = f / 2a s'appelle l'excentricité puisqu'il marque bien cette "propriété" de l'ellipse; si f = 0 (foyers confondus), l'ellipse est un cercle et e = 0; si f = 2a, l'ellipse est totalement aplatie (segment) et e = 1; e peut donc faire varier l'excentricité de 0 (cercle parfait) à 1 (segment).

L'excentricité de la trajectoire de la Terre autour du Soleil est de 0,01675, ce qui est très faible. La distance a est de l'ordre de 149 millions de km, f vaut donc environ 4 millions de km. La distance de la Terre au Soleil varie donc grossièrement de 147 millions de km (a - f/2) au périhélie à 151 millions de km (a + f/2) à l'aphélie. C'est cette faible excentricité qui nous a permis de considérer temporairement la trajectoire comme un cercle pour la plupart des phénomènes. La plupart des objets en orbite autour du Soleil ont des orbites elliptiques de faible excentricité. Il existe donc une très faible probabilité de rencontre entre ces objets. Les grosses planètes ont ainsi des trajectoires très ordonnées du point de vue de leur distance moyenne au Soleil : Mercure, Vénus, Terre, Mars, Jupiter, Saturne, Uranus, Neptune et Pluton. Les 8 premières tournent presque "rond", la neuvième, Pluton, jouant les excentriques puisque sa trajectoire elliptique la conduit, à certaines périodes, à se trouver plus proche de nous que Neptune. Ce sont donc les deux seules planètes qui ont une probabilité non nulle de se rencontrer un jour !

En revanche, quelques objets, les comètes ont des trajectoires très excentriques : leur périhélie est très proche du Soleil et leur aphélie est parfois bien au-delà de l'orbite de Pluton. La probabilité de rencontre avec un autre objet en orbite est donc très importante, ce qui les conduirait à une disparition brutale. Ceci explique leur faible nombre actuel et justifie qu'on s'inquiète de prévoir leur trajectoires futures !

b- La deuxième loi (appelée loi des aires) nous indique que :

 

La ligne reliant une planète au Soleil balaie des aires égales en des intervalles de temps égaux.

-

La Terre n'a donc pas une vitesse parfaitement constante. La vitesse moyenne de la Terre sur son orbite est de 30 km/s soit 108 000 km/h ! Nous verrons les implications de ses variations dans le X-.

c - Enfin, la troisième loi permet de déterminer le temps d'une révolution en connaissant uniquement la longueur a (demi - grand axe) : les carrés des temps de révolution sont proportionnels aux cubes des grands axes.

Cela peut donc s'écrire T2/a3= k, k étant une constante qui ne dépend que de l'objet attracteur, le soleil en l'occurrence. Je vous laisse le soin de vérifier cette loi et de trouver la valeur de la constante avec les données approximatives suivantes :

planètes  

distance au Soleil (millions km)

 

temps de révolution

Mercure
58
88 j
Vénus
108
225 j
Terre
150
1 an
Mars
228
1,9 an
Jupiter
778
11,9 ans
Saturne
1427
29,5 ans
Uranus
2870
84 ans
Neptune
4497
164,8 ans
Pluton
5900
247,7 ans

 

 
Vous remarquerez que le temps de révolution ne dépend donc absolument pas de la taille, de la nature, de la masse, de la forme de l'objet. Un petit astéroïde situé sur la même orbite que Saturne tourne autour du Soleil dans le même temps.

 

2- Calendrier solaire et période de révolution

Le temps de révolution de la Terre autour du Soleil (appelé aussi période de révolution) est en réalité de 365,256 jours. Ce temps est très légèrement différent du temps entre deux positions d'équinoxe de printemps à cause d'un mouvement de précession de l'axe terrestre (rotation de l'axe autour d'une position moyenne comme on peut l'observer avec une toupie, à la fin de son mouvement). La période de cette précession est de 26 000 ans. Nous avons délibérément "omis" ce mouvement très lent de précession jusqu'à maintenant. Il conduit à faire tourner l'axe de la Terre de 1/26000 de tour par an, ce qui est trop faible pour perturber sensiblement sur des dizaines, voire des centaines d'années, les interprétations précédentes. A long terme, les conséquences sont plus graves. L'étoile polaire que nous utilisons depuis plusieurs siècles et qui sera utilisée encore pendant des siècles ne sera plus polaire dans un avenir de l'ordre du millénaire et ne l'était pas il y a plus de mille ans. Une autre étoile, plus proche de la direction de l'axe, sera (ou était) choisie. Elle le redeviendra dans, et elle l'était il y a 26000ans. Il existe donc un cercle d'étoiles qui peuvent tour à tour prendre légitimement le nom d'étoile polaire Nord. De même pour le Sud. L'autre conséquence concerne ce chapitre puisqu'elle affecte la définition de l'année : si nous choisissions de définir notre année, et donc le fonctionnement de notre calendrier, par rapport à la période de révolution de la Terre autour du Soleil, sans prendre en compte la précession, nous serions assurés de retrouver le soleil tous les ans à la même date en position identique par rapport aux étoiles, mais nous n'aurions pas la même stabilité au niveau de la date des solstices et des équinoxes. L'équinoxe définie dans les chapitres précédents comme l'instant où l'axe est rigoureusement perpendiculaire à la direction Terre-Soleil ne se retrouverait pas exactement après un an, puisque entre temps l'axe tourne de 1/26000 ème de tour. En 26000 ans, chacune des dates en question ferait ainsi un tour complet de calendrier, à raison de 20 minutes par an, caractéristique gênante pour un calendrier que l'on désire "solaire", c'est à dire assurant au contraire la plus grande stabilité des saisons !

C'est donc, plutôt que la période de révolution, la période entre deux équinoxes de printemps successives, appelée année tropique ou année équinoxiale qui doit être prise en compte pour établir un calendrier solaire. Elle est de 365 j 5 h 48 mn 47,5 s soit 365,2422... jours. Puisqu'on ne peut souhaiter obtenir le beurre et l'argent du beurre, il faut admettre que le Soleil ne reprend pas exactement la même alignement avec les étoiles après une année tropique, cela conduit par exemple les signes du zodiaque, définis par les Babyloniens en liaison avec les constellations alignées avec le Soleil aux différentes périodes l'année, à être aujourd'hui parfaitement fantaisistes puisqu'en trois mille ans un décalage de 40 jours environ s'est installé entre ces dates "officielles" et la présence réelle des constellations dans la direction du Soleil. Rassurez-vous, ce n'est pas la seule raison de trouver farfelues les conclusions qu'en tire l'astrologie !

 

Comment faire coïncider un calendrier comportant nécessairement un nombre entier de jours avec une période de 365,2422 jours ?

Si les années étaient toutes de 365 jours, notre calendrier se décalerait par rapport aux positions de la Terre sur son orbite de 1 jour tous les 4 ans, ce qui nous conduirait après quelques siècles à connaître, dans l'hémisphère Nord, un bel été en Janvier. C'était pourtant ainsi que les Egyptiens de l'antiquité comptaient le temps (année dite "vagues" de 365 j, délibérément choisie, permettant de retomber sur ses pieds tous les 1461 ans, occasion d'une fête somptueuse!)

Les années bissextiles (millésime divisible par 4) nous permettent de compenser un quart de jour par an et il reste encore un décalage minime. Le calendrier julien (César) n'en tenait pas compte ce qui a conduit à la réforme du pape Grégoire XIII en 1582 instituant ainsi le calendrier Grégorien que nous utilisons toujours actuellement :

- les années divisibles par 4 sont bissextiles (on "rattrape" 1/4 jour par an):
365 + 0,25 = 365,25

- les années séculaires (divisibles par 100) ne le sont pas alors qu'elles devraient l'être ! :
365,25 - 0,01 = 365,24

- les années quadricentenaires (divisibles par 400) le sont, alors qu'en tant qu'années séculaires, elles ne devraient pas l'être :
365,24 + 0,0025 = 365,2425

Le petit décalage restant est suffisant pour produire un décalage d'un jour tous les ...
4000 ans, ce que nous pouvons admettre temporairement !

 

 

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