Réponse
:
Bonjour,
Je réponds un peu
tard, mais j'espère que les lignes qui vont suivre
vous donneront quelques pistes. Je vous réponds
sur le thème de l'air qui, tel que vous êtes
parti, me paraît le plus pertinent. Ma réponse
s'inspire directement des réflexions développées
par J.M. Rolando dans le Grand N n°64, pp. 107 à
115, 1998-1999 (IREM de Grenoble, université
Joseph Fourrier), et J.P. Bonan dans "Enseigner la
physique à l'école primaire" (Hachette Éducation,
pédagogie pratique).
L'objectif
principal, à developper tout au long des 3 cycles,
est d'amener les enfants à concevoir que l'air est
une substance matérielle, puis étudier certaines
de ces propriétés spécifiques (surtout au cycle
3). Pour cela, il faut d'abord s'appuyer sur des
phénomènes, naturels ou provoqués, où les
propriétés matérielles de l'air sont facilement
perceptibles et permettent des analogies avec des
substances ou des objets dont le caractère
matériel est déjà connu : par exemple moulin à
vent/moulin à eau, c'est à dire action
"matérielle" de l'air en mouvement/action
"matérielle" de l'eau en mouvement. En maternelle,
il est intéressant de construire des objets
fonctionnant avec le vent : moulinet, manche à
air, girouette etc. On peut aussi fabriquer un
système constitué d'un bâton, d'une ficelle et
d'une balle de ping pong accrochée au bâton par la
ficelle. Tous ces objets sont mis en mouvement par
le vent ou des courants d'air provoqués (souffle,
sèche-cheuveux) et certains sont orientables (il
donnent le sens du vent). Il s'agit donc d'abord
d'essayer de les faire fonctionner, de chercher
leur condition d'utilisation optimale : comment
soulever le plus possible la manche à air ? ... Il
faut au fur et à mesure, sans forcer et sans
imposer de façon prématurée les notions adaptées
au cycle 2 (voir P.S.), favoriser les moments
d'échange et d'analyse des résultats, qui
permettent de dégager l'action (la poussée)
exercée par le vent et de faire le lien avec la
façon dont sont orientés les objets. Dans
l'article cité en référence (Grand N ..), une
autre idée intéressante est proposée : à
l'occasion de jeux avec des ballons de baudruche,
les enfants essaient de leur faire décrire un
parcours (pour commencer rectiligne !), d'abord en
les poussant avec un bâton, ensuite en soufflant :
ainsi on passe d'une action exercée par un objet
matériel, à l'action exercée par l'air invisible,
et on favorise les analogies faisant prendre
conscience aux enfants de certaines de ces
propriétés matérielles. Dans tous les moments
d'analyse et d'explicitation, il faut être prudent
et rester dans le contexte de la ou des situations
abordées, sans viser une formulation trop générale
pour l'âge des enfants. En maternelle, il est
difficile d'exploiter des situations autres que
ces situations de déplacements d'air, ou les jeux
de bulles dans l'eau, car ce sont des situations
où les propriétés de l'air sont perçues par les
sens. Pour les bulles, c'est d'ailleurs plus
difficile, comme vous avez dû le constater : il
faut en effet faire un premier effort
d'interprétation pour comprendre que la bulle est
remplie d'air. On peut continuer et chercher
différentes façons d'en faire, par exemple avec
une paille en soufflant (lien entre l'air qu'on
souffle et les bulles ?), et pourquoi pas faire
d'autre types de bulles : bulles d'huile remontant
ausi dans l'eau.
Je pense qu'il est
souhaitable de ne pas sans tenir à une de ces
propositions d'activités mais de les multiplier
afin de favoriser une évolution plus profonde.
Bonne
continuation,
Ph. Germain. PIUFM
94.
P. S : En cycle 2 il serait possible d'aller plus
loin en fonction des objectifs suivants : l'air
est de la matière : il se conserve lors de
déplacements, il est présent même lorsque qu'on en
perçoit aucun effet par nos sens (c'est à dire
lorsqu'il est immobile), et par extension il est
présent partout. Cela peut se faire
progressivement, en partant par exemple d'une
question très large ("où y a-t-il de l'air") pour
permettre aux enfants d'exprimer chacun leurs
conceptions puis d'en débattre. Pour faire avancer
ce débat, deux types de phénomènes méritent à un
moment donné d'être étudiés s'ils n'émmergent pas
spontanément : - des phénomènes s'interprétant par
la conservation de l'air dans des déplacements
(transvasements, ballon de baudruche emmanché sur
une bouteille en plastic qu'on gonfle en
comprimant la bouteille, idem avec des seringues).
A chaque fois il faut analyser les résultats en
explicitant bien les déplacements. - des
phénomènes où la présence de l'air n'est pas
immédiatement perceptible (verre retourné qu'on
enfonce dans l'eau et dans lequel l'eau ne peut
pas rentrer, compression d'une seringue en la
bouchant avec le doigt etc..) La présence de l'air
finit alors par être comprise par les enfants
lorsqu'ils manipulent et perçoivent ses effets
physiques : effort nécessaire pour enfoncer le
verre dans l'eau, formation de bulles (d'air)
quand on l'incline, effort aussi pour comprimer la
seringue, bruit (pchiit..) quand on retire le
doigt qui en bouche l'extrémité. L'air est alors
conçu, et non plus seulement perçu, comme la
matière qui fait obstacle. Voir aussi le site
nationnal inrp.fr/lamap : question à des
formateurs, rubrique matière, question : comment
travailler la matérialité des gaz (cycles 2 et
3)?
Philippe Germain - Groupe de Physique des Milieux
Denses (GPMD), Departement de physique - UFR
Sciences - Universite Paris XII
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