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Les marées


 
Thème : les marées

Question :
     Comment expliquer les marées aux enfants de cycle 1 (5-6 ans) qui reviennent de classe verte, où ils ont vu le phénomène de marée. 
Les enfants se demandent : 
     Pourquoi l'eau s'en va ? 
     Et où va-t-elle ?

Bracher Françoise, école maternelle Jean Jaurès, Le Bourget

 

Réponse 1 :
     Pour expliquer les marées aux enfants, on peut d'abord leur parler de l'attraction des corps. La Terre attire une pomme ou une bille qui, par conséquent, tombe vers la Terre. 
     On peut aussi leur parler (simplement) de l'action et de la réaction: si un des enfants de la classe tire sur une ficelle libre, c'est facile. Si la ficelle est tenue par un autre enfant, même si celui ci ne tire pas sur la ficelle, le premier a l'impression que la ficelle exerce une force sur lui. De même, si la Terre attire la pomme, en retour la pomme attire la Terre mais ca ne se voit pas! 
     La Lune tourne autour de la Terre parce que la Terre l'attire mais la Lune attire tout ce qui est sur la Terre. Ce qu'on voit bouger, ce sont les parties qui peuvent bouger donc les masses d'eau. 
Il existe un excellent site(en anglais) qui a les bons dessins
http://csep10.phys.utk.edu/astr161/lect/time/tides.html
     A un moment donné, la Lune se trouve en face d'un point de la Terre et attire l'eau des mers (marée haute). Le niveau monte a cet endroit et descend dans une autre partie de l'océan éloignée. L'eau ne s'en va pas, elle se déplace comme si ce qui se passe quand on incline une cuvette. L'eau ne sort pas de la cuvette, elle est plus à un endroit qu'à un autre. 
     A un autre moment, la Lune a tourné et attire l'eau des mers vers un autre endroit que celui où l'on est. la mer donne l'impression de s'en aller ailleurs, c'est la marée basse. 
     Si l'on ajoute en plus de la lune, le soleil, on a les grandes et les petites marées, voir site ci dessus.

Jean-Pierre Schermann, Laboratoire de Physique des Lasers, Institut Galilée
 

Réponse 2 :
     Pour l'essentiel les marées viennent de l'effet de l'attraction conjuguée du Soleil, et de la Lune. Le rythme des saisons est en général expliqué par le fait que la Terre tourne autour du Soleil, et le "problème" est un problème simple d 'attraction universelle (problème "à deux corps" : 
    la Terre attirée par le Soleil très massif, tournant comme une fronde toujours attirée radialement par le Soleil. En fait, la Lune, bien que extrêmement moins massive, est tellement plus proche (400 000km, contre 150 millions Km, et attraction selon l'inverse du carré de la distance)) que l'attraction qu'elle exerce n'est pas totalement négligeable (l'attraction des étoiles lointaines, ou des autres planètes est en revanche extrêmement faible). Dans ce problème devenu problème " à trois corps" (Terre-Lune -Soleil), l'attraction devient un peu différente selon le lieu (pour l'attraction Solaire, la Terre est quasi-ponctuelle, diamètre 12800km) considéré, qui est proche ou éloigné de la Lune. 
     Sur ce principe de base, on peut sans doute comprendre le phénomène du rythme des marées (journalier d'une part, selon la rotation de la Terre -avec des cycles de 12heures ou 24 heures selon les régions du globe ce qui est un problème plus délicat-), et le rythme lunaire des alternances entre grande marées ("vives eaux") et petites marées , avec en plus la corrélation au rythme solaire des grandes marées d'équinoxe ou de solstice (cf. sur les tables marégraphiques les "coefficients" des marées.) 
     Mais que fait donc l'eau là-dedans ? Dans le problème à trois corps, l'attraction n'est plus la même partout, et on s'attend surtout à des déformations de la planète Terre : 
     1) Il existe bien des marées terrestres !! (les montagnes deviennent plus hautes avec la marée, mais le phénomène est très petit..) 
     2) Il est beaucoup plus facile de déformer une surface d'eau (plus mobile que la croûte terrestre), et c'est ce qui se passe avec les marées . Si sur une surface bien horizontale (un bol d'eau, AU REPOS) j'exerce une pression (c-à-d une force , qui ici "pousse" au lieu d'attirer, mais ça ne change que le signe - à la limite, un doigt sur la feuille de Cellophane qui recouvre confiture ou gelée- ) sur une partie de la surface, je vais voir l'eau descendre dans la partie du bol où on appuie, et monter ailleurs (surtout en face), comme si je commençais à renverser le contenu du bol (on a perdu la surface "horizontale". Pour faire la marée, je fais tourner mon doigt (ou le bol), et on regarde à un endroit du bol la hauteur d'eau) 
     3) L'explication du 2) est du type déplacement horizontal de la masse d'eau. Ce qui est "retiré" des cotes bretonnes ne se retrouve pas en Amérique pour autant (en 6 heures, ce serait drôlement rapide), mais l'ensemble s'est effectivement déplacé dans un sens puis dans l'autre sur l'Océan. 
     4) En plus des phénomènes de marées océaniques (cf. 3)), il y près des côtes bien découpées des phénomènes secondaires plus compliqués, où la vitesse de déplacement de l'eau entre sans doute en compte, là ou le fond côtier n'est pas plat. Il est frappant de comparer les horaires de marée de deux points peu éloignés de la côte bretonne (on a assez vite 2 heures de différence pour environ 100 km) Et pourtant, ce n'est pas fondamentalement que ça se transvase d'un port à l'autre, mais par la communication avec le vaste Océan (à mon avis, entre Calais et Douvres, la mer est basse presque en même temps, et elle se vide dans le "Channel" - ou la mer du Nord-). Sur une mer fermée, même grande comme la Méditerranée, (presque) pas de marée ( entre Istanbul et Gibraltar, on ne couvre qu'une petite distance à l'échelle de la Terre, et l'attraction lunaire n'est que peu différente ) 
     J'espère ne pas voir écrit trop de bêtises. J'ai l'impression d'avoir mieux compris pour moi-même quelques uns des divers aspects de ce phénomène, au départ simple, en relisant un article du "Courrier du CNRS-Images de la Physique 1991 "Connaître les marées océaniques avec une précision subdécimétrique ", qui est un peu technique sur la fin, mais qui a une intéressante présentation notamment de l'histoire de ces mesures. Je peux sans doute faxer une copie de ces quelques pages si vous êtes intéressés. J'imagine aussi que l'on peut surfer sur le Web pour retrouver les pages de quelques "grands organismes" type CNRS, ex-IFREMER, Météo. 
     Bien cordialement.

Daniel Bloch, Laboratoire de Physique des Lasers, Institut Galilée
 

Réponse 3 :
1 - Je commence par ce qui me parait le plus simple : "où l'eau s'en va-t-elle ?"
     A marée haute, il y a beaucoup d'eau là ou je suis. Plus tard, cette eau part au loin, ce qui fera une marée haute dans un autre pays, pendant que ce sera la marée basse là ou je suis. Cela fait une sorte de vague très large qui s'en va très loin.
     Quand on fait de grosses vagues dans un cuvette, on voit bien que l'eau est au même moment haute à un endroit et basse à un autre, et que cela change tout le temps. 

NB : déjà une petite difficulté : ce n'est pas vraiment le surplus d'eau qui est ici à marée haute qui se retrouve dans la journée en Amérique ! Pour obtenir une vague qui va de gauche à droite, il suffit que chaque goutte d'eau aille tantôt un peu à droite, tantôt un peu à gauche, mais pas toutes ensemble : là où beaucoup de gouttes viennent à la fois, cela fait monter le niveau (et les gouttes), tandis qu'il baisse (ainsi que les gouttes) à un endroit d'où beaucoup de gouttes sont parties.
     Les enfants peuvent-ils observer cela en regardant le mouvement de petits objets flottant dans un bassin ; alors que les vagues traversent tout le bassin, chaque objet s'éloigne peu d'un même endroit. Plus frappant encore : on peut faire des vagues sur une corde à sauter tenue horizontale : la vague va d'un bout à l'autre de la corde alors que chaque morceau de la corde ne fait que monter et descendre. 
     S'il faut vraiment essayer de dire pourquoi l'eau s'en va, je me sens obligé de parler de l'attraction de la Lune (sinon du Soleil) et d'amener cela progressivement ! 

2 - L'attraction terrestre :
     Je pèse plus ou moins lourd (selon que je suis plus ou moins gros !).Je reste colle a la Terre, comme tous les objets posés sur elle. Si je saute en l'air pour m'en décoller, je retombe. (Il faut lancer les fusées vraiment très fort pour qu'elles arrivent a se décoller mieux que moi !) On dit que la Terre m'attire.
     Si l'on n'a pas envie de dire la pesanteur sous cette forme, on s'y sent davantage obligé si l'on sait que la Terre est ronde : le sait-on a 5-6 ans ? Car on accepte mieux ainsi que les Australiens restent colles sur la Terre bien qu'ils aient la tète "en bas". On peut visualiser facilement une attraction de ce genre en frottant une boule en plastique avec un chiffon et en lui faisant attirer de petits bouts de papier venant de tous les cotes. 

3 - L'attraction lunaire :
     Tous les corps (même nous !) attirent ainsi les autres corps, mais moins fort s'ils sont moins gros et s'ils sont plus loin. La boule en plastique frottée, elle aussi, n'arrive plus a attire un petit papier trop loin d'elle.
     Ainsi la Lune, qui est plus petite que la Terre et surtout beaucoup plus loin de nous, nous attire un petit peu. Quand on la voit passer dans le ciel (de nuit ou de jour : les enfants ont-ils remarque qu'on peut voir la Lune dans la journée ? A voir le matin en cette fin de semaine : dernier quartier le 25), elle nous attire un peu, mais nous restons colles au sol, tandis qu'en attirant l'eau, elle la fait un peu monter. Attention ! Cela ne décolle pas l'eau du fond de la mer : l'eau nécessaire pour faire monter le niveau est prise à coté, là où la Lune n'est pas le plus près possible. (S'il n'y a pratiquement pas de marées en Méditerranée, c'est que l'eau nécessaire ne peut arriver que par le détroit de Gibraltar, bien trop étroit pour en laisser passer beaucoup). 

4 - Quelques complications à ce qui précède ! (pour l'enseignante seulement !)
     a) Le Soleil attire aussi, d'ou les marées plus fortes (vive eau) quand Lune et Soleil sont voisins dans le ciel (Nouvelle Lune) - mais en outre quand ils sont opposes (Pleine Lune) a cause de c) ci-après !
     b) En fait, la marée est rarement au plus haut lorsque la Lune est au plus haut dans le ciel parce qu'il s'agit vraiment d'une vague qui se déplace suivant les lois des mouvements des vagues. Si je ne me trompe, alors que la Lune culmine a Dunkerque 1/2 heure avant de culminer a Saint-Sebastien, la marée arrive a Dunkerque avec plusieurs heures de retard sur Saint-Sebastien.
     c) Le Soleil est tellement plus gros que la Lune que, bien que beaucoup plus loin de nous qu'elle, il attire plus fort. Pourtant il influe moins sur les marées. C'est que ce qui compte, ce n'est pas l'attraction elle-même, mais des différences d'attraction : l'attraction diminue si la distance de la Lune augmente ; si la Lune est a gauche de la Terre, elle attire une goutte à gauche de la Terre plus qu'elle n'attire la Terre, et elle attire la Terre plus qu'une goutte à droite de la Terre. Voilà pourquoi il y a aussi une marée quand la Lune est à l'opposé. Quant au Soleil, si son attraction est plus grande, la différence d'attraction entre deux cotes opposes de la Terre est moindre que pour la Lune. 

Faut-il répéter que ces points a, b, c ne sont évidemment pas pour les enfants, ni même pour Madame Bracher si elle ne souhaite pas particulièrement s'y intéresser ! 

Bon courage pour extraire de cela, si c'est possible, quelque chose pour les enfants ! Je donnerais cher pour y participer ! 

Pierre-Yvan Gal, Enseignant, Institut Galilée


 

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